WHAT IF… CHRIS PAUL AUX LAKERS EN 2011 ?

2011, la NBA est en pause. En pause car un lock-out se passe tranquillement depuis le début de la saison, la faute à un conflit entre propriétaires et joueurs dans les nouvelles négociations contractuelles. La NBA sur les terrains, c'est niet, mais en coulisses ça bouge un peu. A l'hiver 2011, une rumeur de trade sort, et pas n'importe laquelle ! Chris Paul serait prêt à rejoindre Kobe Bryant aux Lakers, et ce dans un trade à 3 équipes. Sauf que non. Ben non. David, il a dit non.

Ce bon vieux David Stern, encore en poste, a posé son veto. Il faut protéger la Ligue, avoir une trop grosse équipe ne serait pas très bon pour la compétition, les propriétaires grognent, puis surtout la NBA est propriétaire de la franchise de la Nouvelle-Orléans, celle de CP3 à l'époque, et du coup, peut poser un veto. Ce qui est fait, et CP3 file à Los Angeles oui, mais aux Clippers, et non avec Kobe aux Lakers.

Pourtant, les deux joueurs en avaient envie, jugez plutôt les propos de l'ami Kobe : « Je savais quel compétiteur il était, et je savais que ça collerait parfaitement. On commençait à discuter de ce que nous allions faire, et des schémas pour que ça marche… Mais ça n’est jamais arrivé. ». Et côté Chris Paul, idem : « Je me souviens qu’une fois, on s’était dit qu’avec nous deux dans la même équipe, nous ne pouvions pas perdre. Puis, d’un claquement de doigt, tout a disparu… ». Tristesse.

What if Chris Paul avait eu la bénédiction de Papa David Stern pour rejoindre le copain Kobe ?

Boum, le deal est fait. Quelques heures plus tard, les joueurs sont dans les cartons, étiquetés, empaquetés, livrés à l'aéroport. Quelques jours plus tard, Chris Paul débarque à Los Angeles, tandis que Luis Scola, Kevin Martin, Lamar Odom et Goran Dragic filent aux Hornets et que les Rockets accueillent le grand Pau Gasol.

Un deal à trois équipes que David Stern a validé, contrairement aux bruits qui circulaient les dernières heures. Dans le même temps, les deux parties que sont propriétaires et joueurs ont trouvé un accord : le lock-out est rompu, la NBA reprend ses droits et les joueurs réapparaissent sur le parquet à Noël.

Et à Los Angeles, ça frétille. Kobe est content, son pote Chris Paul est arrivé. Les deux joueurs qui se sont côtoyés pendant les stages et préparations avec Team USA en sont convaincus : leur association ne peut que fonctionner. C'est évident et pour Kobe, ça serait même un échec de ne pas y arriver. De son côté, Chris est dans la même optique : fini la loose des Hornets, welcome to LA, welcome to playoffs et rendez-vous en juin pour les Finales.

Mais la saison va être raccourcie, forcément. Seulement une soixantaine de matchs prévue, pas de pré-saison, pas de travail collectif : il faudra se forger une identité au cours de la saison, pas le choix. D'ailleurs, le cinq des Lakers pour cette saison écourtée ? Chris Paul – Kobe Bryant – Metta World Peace – Josh McRoberts – Andrew Bynum. Le tout guidé par le gourou Mike Brown (lol). 66 matchs afin que Kobe et Chris démontrent ce qu'ils annoncent depuis l'arrivée du meneur 5 étoiles. Niveau banc, les Angelinos ont quelques bons soldats qui peuvent tenir la route, mais rien d'extravagant : le 6th Man of the Year ne sera pas aux Lakers, clairement.

Les playoffs arrivent vite dans cette saison exceptionnellement courte, et les Angelinos y sont invités, mais pas à la place souhaitée par les deux têtes d'affiches : derrière les Spurs, OKC et Dallas, les Lakers finissent 4ème de la conférence Ouest. La faute forcément à un temps nécessaire d'adaptation de l'équipe à son nouveau meneur et inversement. Après cette petite période qui a fait tourner les résultats de l'équipe au ralenti, les choses se déroulent plutôt bien : Chris se fond dans le jeu des Lakers comme prévu, facilement. Avec un Kobe décidé à glaner un nouveau titre à ses côtés, forcément c'est plus facile direz-vous, puis comme ce dernier est plus ou moins aussi l'assistant-coach de Mike Brown... Le meneur envoie 22.4 points et 11.5 passes décisives de moyenne pendant que Kobe, gavé de ballons par son pote, enquille quasiment 30 points chaque soir. Beau duo. Derrière, les soldats vont le taff, Metta envoie des coups et Andrew mange des donuts, parfois l'inverse.

Place aux playoffs ! Au premier tour, une meute de Grizzlies se dressent en aux Yellow, mais le verdict est sans appel : 4-1, formalité administrative. Mais au deuxième tour, problème, et même gros problème. Un problème nommé Spurs. Les Spurs sont à peu près tout ce que ne sont pas les Lakers. Pas flashy, pas foufou, et surtout, ils ne se sont pas formés il y a 5 mois. Le collectif est huilé, et même si les titres ne sont plus là depuis quelques années, la confiance des grands champions est là.

Kobe va tenté d'insuffler à ses coéquipiers cette hargne de champion que lui connaît bien et notamment à Chris, qui est là un grand tournant de sa carrière, lui qui a rejoint les Lakers pour pouvoir un jour goûter aux Finales NBA et potentiellement, à une bague, ou deux … Histoire de pression ou pas, Chrichris va décevoir. Après un match 6 qui voit les Spurs accéder au tour suivant, les critiques sont unanimes. Trop tendre le Chris. Pas assez rugueux, roublard, trop dans le flashy, pas dans l'efficacité. Lui qui avait fait de la gestion de l'équipe une de ses forces principales va complètement se déchirer dans le domaine : 3 ou 4 balles perdues par match, c'est trop. Les Lakers fans en regretteraient presque Jordan Farmar titulaire. C'est dire.

L'été qui arrive s'annonce rude pour Chris Paul et pour LA en général. Un soir de juin, pendant que LeBron attrape sa première bagouze, on entend même le mot « flop » ressortir au sein de plusieurs conversations de bars. Mais le petit Paul connaît la solution : travail, travail, travail et pas de Wi-Fi.

Jusqu'à la saison suivante, CP3 et le Mamba vont enchaîner les sessions de travail, enfermés à la salle. Chris goûtera de près à la fameuse éthique de travail de Kobe, et il va y prendre goût. Il y a du changement également à la tête des Lakers, exit Mike Brow, welcome Jim Carrey Rick Carlisle. Et oui, après que les Mavs se soient fait balayer au premier tour, le sosie du Mask a été prié d'aller voir ailleurs par Mark Cuban qui déclarera « Toute façon, je n'ai jamais aimé cet acteur ».

Nouvelle saison, nouveau coach, même objectif : bagouze. Chris revient avec la détermination d'un puceau qui approche la quarantaine, Kobe a les nerfs d'avoir vu LeBron choper une bague, et ça suffit à galvaniser le reste du roster. Les Lakers alignent une saison bien remplie : 54 wins, 3 All-stars avec CP3, Kobe et Bynum, que Carlisle arrive à faire jouer au basket et un 1er spot de la conférence Ouest.

Comme l'année d'avant, le premier tour est une formalité pour les Lakers qui renvoient Utah à ses cahiers de vacances. Au deuxième tour, la nouvelle barrière psychologique de CP3, les Lakers affrontent les Rockets qui comptent dans leur rang le nouvel arrière star James Harden, fraîchement arrivé du Thunder. Le duo Harden-Gasol contre le trio CP3-Kobe-Bynum tournera à l'avantage des derniers, en 6 matchs, plein de tensions mais de sang-froid côté Yellow. A la fin de la série, Chris Paul semble être devenu un autre joueur : sans doute le fait de passer enfin ce cap de demi-finale de Conférence. Mais la route reste encore très longue.

En finale de conférence, les Lakers retrouvent les Spurs. L'avantage du terrain qu'ils auront acquis grâce à leur première place se montrera déterminant. Dans un game 7 à couper le souffle, les Angelinos enverront les Spurs au tapis, portés par un duo Chris Paul-Kobe Bryant des grands soirs : 25points et 17 passes pour l'un, 34 points 6rebons 7 passes pour l'autre. Hollywood ne pouvait rêver mieux : les Lakers sont en Finales NBA.

Et pour ces Finales, l'affiche est belle. D'un côté, les Lakers de CP3, du Mamba, d'Andrew Bynum et du déglingué de Metta World Peace. De l'autre, le Heat de LeBron, de Flash, de Chris Bosh et du déglingué de Birdman. Mais surtout, pour la première fois, Kobe contre LeBron. La hype autour de ces Finales est monstrueuse, la NBA se frotte déjà les mains. En France, les fans font décoller l'action RedBull et Café Grand-mère en Bourse.

La hype entoure également l'ami CP3, qui vit ses première Finales NBA et n'a jamais été aussi près de toucher son but ultime. Passer du stade de méga-bon-joueur-sans-bague-NBA à joueur titré, forcément qu'il y pense. Mais pour le moment, ça ne se voit pas. Lors des deux premiers matchs, en se retrouvant confronté à Chalmers, Chris rigole et régale. Il continue sur sa ligne de stats habituelle, passant 24points et 11 passes au game 1 et 20 points et 13 passes au deuxième. Carlisle le sait, la mène n'est pas le point fort du Heat, et il s'appuie sur son meneur XXL d'autant plus. A côté, Metta World Peace Artest (c'est trop long à écrire ça m'énerve) sait qu'il ne peut pas limiter LeBron à 15pts, mais il sait aussi qu'il peut le fatiguer. Imaginer vous jouer un match de basket avec un pitbull qui a posé son cerveau à l'entrée de la salle pendant 48minutes, qui ne fait que parler, et qui vous suit même quand vous allez aux toilettes à la mi-temps. Kobe fait du Kobe et mène un duel en haute altitude avec Wade. Dans la raquette, Bynum et Bosh s'envoie des politesses, l'un mène au large l'autre qui, vexé de prendre des fade sur la tête, broie les cotes de son copain au poste bas quand il le peut.

Tout semble aller pour le mieux pour les Lakers, qui mène 2-0 avant d'aller en Floride. C'est là, à l'ombre des palmiers de South Beach, que CP3 commence à penser réellement à la bague autour de son doigt. Il n'a jamais été aussi près ! 2 matchs ! Sauf que là, ça se voit. Dans les deux matchs disputés à l'America Airlines Arena, CP3 va sembler ailleurs, débordé. Les fantômes des derniers playoffs reviennent le hanter : des pertes de balles à des moments cruciaux, des shoots précipités qu'il n'aurait jamais pris, quelques engueulades avec Kobe, et même un aller-retour sur le banc lors du 4ème QT du game 4 que Carlisle assumera devant les journalistes.

Au retour à LA, la série en est à 2-2, avec un game 5 crucial en perspective. Lors de ce match 5, Chris le sait, il va être scruté. Il a beaucoup parlé entre les deux matchs, 4 et 5. A son coach certes, mais surtout à Kobe. La bague lui fait peur ? Non. Ne pas l'avoir alors ? Ça oui. Et s'ils ne l'ont pas ? Tant pis, ils réessayeront l'an prochain. Chris aborde ledit match plus à l'aise. Mais pas au mieux. Bon dans les 3/4 du match qu'il termine avec 17 points et 8 passes décisives, il laisse les clés à Kobe lors du 4ème quart temps du game 5, qu'il clôturera avec 43 points. 3-2 pour LA, match à Miami.

Ce game 6 va être celui du déclic pour CP3. Après tout, s'ils gagnent, c'est la bague. Et s'ils perdent ? Ils ont une autre chance à la maison. A priori, rien à perdre pour les Angelinos. Et le déclic fera mal aux Heat. Durant ce game 7 où LeBron et Wade tenteront de sauver les meubles, Chris va relever la tête. Il a laissé tomber Kobe dans le 4ème QT du game 6 ? Cette fois-ci Kobe va être épauler, et pas qu'un peu. Le meneur va enquiller les pions certes, mais il va délivrer une partition hors du commun dans son domaine, en facilitant le jeu comme rarement pour le numéro 24 de LA : 17 points, 19 passes décisives, dont 8 pour Kobe. A l'issue du match, Artest, entre 3 larmichettes nous lâchera la punchline de l'année : « C'était Dieu déguisé en distributeur de canettes ».

Chris Paul termine les Finales avec une moyenne de 18 points et 13 passes. Lors de la remise du trophée de MVP des Finales à Kobe, celui-ci aura pour son collègue des mots forts « Beaucoup ont douté de toi mais tu y es arrivé et je vous préviens mesdames, messieurs, ce gars-là sera plus fort après ce titre qu'il ne l'a jamais été ». Une bague qui agit comme un délic pour CP3 ? A voir. Mais l'image de parfait looser en moins sur les épaules, Chris peut désormais repartir pour de nouvelles saisons serein mais déterminé, avec cette fois-ci, l'âme d'un gagnant.

 

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