WHAT IF … KOBE BRYANT AUX BULLS ?

Deuxième volet des « What if » ! Après un petit sondage, c'est donc le Mamba qui va nous intéresser aujourd'hui. Si le tout nouveau retraité a arboré pendant vingt piges le maillot jaune et violet et parfois blanc des Lakers, son histoire avec la franchise californienne, comme toutes les histoires d'amour, a parfois été mouvementée.

A l'été 2007, Kobe n'est pas content. La tournure que prend la franchise depuis quelques années de lui plaît pas. Mais alors pas du tout. Du coup, des rumeurs de transferts commencent à émerger. Rumeurs que le principal intéressé a depuis confirmé, avouant qu'il avait transmis une liste d'équipes à la direction des Angelinos dans lesquels il se verrait bien aller. Deux destinations étaient favorites pour accueillir alors le Mamba : Detroit et Chicago. Depuis, Kobe a avoué que Chicago était son choix numéro 1, allant même jusqu'à dire que sa femme et lui avaient alors déjà programmé les voyages pour visiter les maisons et les écoles… Quand je vous dis qu'il n'était pas content le Kobe ! Mais au final on connaît tous la suite : Kobe reste, Gasol arrive, Finales en 2008 perdues, back-to-back en 2009 et 2010, Kobe est un dieu vivant à LA, 5 titres, rideau. Mais bon. S'il avait été à Chicago, comment ça aurait pu tourné cette histoire ?

What if Kobe et les Lakers avaient été au bout du délire ?

4-1. Les Lakers de Kobe viennent de prendre 4-1 par les Suns de Phoenix au premier tour des playoffs 2007. Le Mamba a beau essayé de se raisonner : c'est trop. Les Lakers n'y arrivent plus. Depuis le départ de Shaq du roster, Kobe est seul, même pire, esseulé. Pourtant il a demandé du renfort, oui, évidemment, il voulait que le gros Shaq dégage, mais il sait aussi qu'il ne peut pas gagner tout seul. Pas un titre NBA. Mais là c'en est trop pour le Mamba. Dans les bureaux à LA, on sait déjà que l'été qui arrive va être très délicat à gérer.

Pourtant les choses ne bougent toujours pas, et l'idole de LA a semble-t-il fait son choix : les valises sont prêtes, s'il faut gagner sans le Shaq, ça ne sera pas avec les Lakers. Kobe a déjà transmis à la direction les équipes qu'il aimerait rejoindre, elles ne sont pas nombreuses, et la première est peut être la plus surprenante : Chicago. Kobe, à Chicago, vraiment ? Le bruit fuite, et la presse s'emballe Outre-Atlantique et dans le monde entier.

Les Bulls viennent de se faire éliminer au deuxième tour des playoffs par les Pistons et comptent dans leur rang le très prometteur Luol Deng, 22 ans. Kobe est dans les meilleures années de sa carrière, lui qui va avoir 29 ans au cours du mois d'août. Les Lakers sont paniqués : que faire ? Kobe est une idole à LA, une icône qui a remporté 3 titres, mais la ville et la franchise sont en panne sèche depuis. Il y a les exploits individuels certes, mais rien côté palmarès, et ça, les Angelinos ne peuvent pas se le permettre. De son côté, Kobe multiplie les sorties troublantes dans la presse, ne confirme rien, mais n'infirme rien non plus. Ça agace, ça provoque. Mais les choses traînent et on se dit que finalement, Kobe n'ira nulle part et que la direction des Lakers fera le nécessaire pour garder le joyau dans le roster. Rideau, affolement pour rien, RAS.

Le training camp arrive, et Kobe arrive comme d'habitude 1h30 avant les autres. Il attend de voir ce que peut donner cet effectif pour la saison 2007-2008. Mais au fond de lui il le sait : rien de bien flamboyant. Peu d'arrivées, peu de départs, au final, rien n'a changé. Avec l'égo qu'on lui connaît, Kobe se dit qu'il va devoir encore porter à bout de bras cette équipe de branques seconde zone. Mais il sent qu'il n'en n'a pas envie. Et quand le Mamba n'a plus envie, ça lui fait peur. Alors au sortir de l'entrainement, il tape du poing : « Je ne veux plus être là dans quinze jours ». La phrase fait boum, sort dans la presse et les Lakers ne peuvent pas contrôler la machine.

Kobe veut rejoindre les Bulls. Wow. Luol Deng est le premier nom qui ressort quand on parle d'un échange avec le Mamba. Oui, mais ce dernier lui aimerait bien jouer avec le jeune poste 3 qu'il voit comme un soutien de poids. Kobe reste Kobe, même dans un trade. Après des grosses discussions, le deal semble être acté : Kobe est envoyé aux Bulls, et Ben Gordon, Ben Wallace et Tyrus Thomas font le chemin inverse. Deal. La NBA vient de vivre un séisme et la planète basket avec elle.

Kobe Bryant aux Bulls. Comment ne pas y voir un signe ? Le joueur qui se rapproche le plus de Michael Jordan, qui s'en est inspiré, qui s'en revendique, rejoint la franchise de son modèle mais aussi intime rival. Les Bulls ont accueilli le joueur le plus doué de l'Histoire, ils accueillent à présent son fils spirituel. En choisissant Chicago, le Mamba sait très bien ce qu'il fait, la pression qu'il aura, et les discussions que cela va donner dans les bars de Chicago et du monde entier. Le fantôme de MJ ne sera pas loin, et ça, le Kobe, il adore l'idée.

Kirk Hinrich - Kobe Bryant – Luol Deng – Drew Gooden – Joakim Noah : voilà le cinq des Bulls pour cette saison 2007-2008. Le pivot Frenchie débarque dans la Grande Ligue et est intronisé directement dans le 5, prenant la place de Ben Wallace : pas l'temps d'niaiser. Le jeune Luol Deng est resté et rien que pour ça, Kobe a déjà un bon feeling avec les Bulls.

La saison est lancée : l'équilibre est trouvée lentement mais sûrement au sein de l'équipe des Grands Lacs. Kobe a les clés du camion, évidemment, Gooden et Noah sont là pour verrouiller la raquette et poser des écrans, Luol Deng est le parfait complément à Kobe, et Hinrich est là pour assurer la montée de balle et gérer le tempo. 50-32, pour une première saison régulière, les choses sérieuses commencent.

Et les playoffs à l'Est, en 2008, c'est costaud. Kobe en rejoignant les Bulls le savait et savait également une chose de plus : le petit gars qui faisait du bruit du côté de Cleveland, LeBron James, allait forcément un moment donné se retrouver sur son chemin, ainsi que les Celtics, évidemment, et les Pistons jamais faciles à jouer. Les Bulls se classent deuxième de conférence derrière Boston, finissant la saison à 55 wins. Un premier tour contre les Raptors se profile, les Bulls ne se font pas prier : victoire 4-1, avec un Kobe bien décidé à renouer avec les Finales. Au second tour, c'est Orlando qui se profile, avec l'énorme Dwight Howard dans la peinture qui multiplie les cartons contre les intérieurs adverses. Jooks titulaire du côté des Bulls va sentir le poids qui le sépare alors des meilleurs intérieurs de la Ligue. Dwight va faire un carton dans les 2 premiers matchs. Mais en face, en s'appuyant sur un duo Kobe-Deng de feu, les Bulls ne rendent pas les armes : 2-2 à l'approche du match 5 en terre floridienne. Lors de ce game 5, Kobe va prendre littéralement feu : avec 54 points, 6/8 à 3pts, 11 rebonds et 15 passes décisives, les Bulls atomisent Orlando 102-84. Le moral du Magic est touché, malgré un Dwight qui démolie tout et Chicaco s'impose 4-2.

En finale de conférence, Kobe et les Bulls vont retrouver Boston, qui a éliminé Cleveland avec un LeBron trop esseulé au tour précédent, repoussant le dual tant attendu. Avantage du terrain à Boston sur cette série qui démarre par une correction et une leçon de basket : 95-77 pour les Verts. Les lacunes de Chicago sont révélés au grand jour : manque de solidité à l'intérieur malgré un Jooks qui fait du dégâts et un banc trop léger. Le deuxième match se déroule sur le même scénario et on voit déjà se dessiner les contours d'une leçon de basket en bonne et due forme en 4 ou 5 matchs secs.

C'était sans compter sur Kobe et son irrésistible envie de gagner et de prouver. A 29 ans, Kobe est dans son « prime », son âge d'or, et l'a déjà montré tout au long de la saison. Les deux matchs suivants à Chicago ne sont pour lui désormais qu'une histoire d'égo et pas n'importe lequel : son égo. L'ex-star de LA va alors prendre la série à son compte et à travers un duel épique face à Paul Pierce, va marcher sur les Celtics lors des deux matchs suivants : 35 et 39 points respectivement sur les games 3 et 4 à la maison, et Chicago revient dans la partie. Pour faire chavirer le bateau celte, Kobe va également mettre en lumière son golden boy de luxe qu'il a préparé toute la saison pour de tels moments : Luol Deng. Ce dernier va exploser lors de cette série, secondant le Mamba dans une association qui va rappeler par séquence un autre duo que Chitown a connu quelques années auparavant. Lors du match 5 à Boston, c'est Luol Deng qui va revêtir le costume de super-héros dans un match à couteaux tirés, remportés par les Bulls, limitant Pierce a seulement 12 pts à 4/15 aux tirs. Reste à conclure à la maison, et pour ça, vous pouvez avoir confiance en Kobe. Le game 6 sera décidé au 4ème quart temps, avec un money-time de feu où Jooks plantera un 3 points improbable en fin de possession à 1'30 de la fin lâchant un cri de rage dans la tête d'un Garnett médusé. 87-82, les Bulls accèdent aux Finales.

Kobe a réussi son pari dit-on, mais c'est mal connaître le bonhomme. Seul le titre validera ce choix effectué il y a tout juste un an de quitter la maison californienne pour les terres froides de Chicago. Face aux Bulls se dressent les Nuggets d'un Carmelo Anthony qui porte l'équipe sur ses épaules depuis le début des playoffs après avoir éliminés les Rockets, les Mavs et les Spurs en finales de conférence, et qui est porté par la rage de décroché sa première bague. Secondé par Pau Gasol, arrivé de Memphis au cours de la saison, les Nuggets présentent des arguments solides pour faire douter les Bulls, avec un Billups rempli d'expérience à la mène et un fou-dingo de Gérard Smith à l'arrière.

Surpris par des Nuggets en mission avec un collectif impeccable sur le premier match, les Bulls se font surprendre, mais arrivent à inverser la tendance au game 2. Le mal est pourtant fait et Denver rentre à la maison à 1-1. Au game 3, c'est un festival de bombes. Les Nuggets et leur équipe très offensive cartonnent les Bulls du parking : Billups et Gérard en envoient 4 chacun, et Melo marche sur l'eau et ressort une ligne de stats affolante de 43 pts, 14 rebonds et 8 passes décisives. Les Nuggets sont chauds (pardon pour la blague).

Pendant ce temps côté Bulls, la joie n'est plus. Kobe existe et pèse dans les débats, mais Gasol fait trop de mal à un Gooden désorienté et la défense de Chicago n'y est pas. Mais le Mamba ne compte pas s'asseoir sur les faits et attendre et va provoquer un électrochoc au game 4, réveillant ses coéquipiers jusqu'alors endormi. Avec des cannes de feu et une gueule XXL lors de ce match, KB va se transcender pour porter les Bulls à voler un match à des joueurs de Denver alors trop confiants suite à leur match 3 plein de réussite. Kobe sera omniprésent pendant les 43 minutes qu'il passera sur le terrain avec 37 points, 8 rebonds, 11 passes, 3 interceptions et 2 blocks. Dans son sillage, Luol Deng et Jooks se réveillent. Le premier remet son rôle de lieutenant un claque un 15-10-7 bienvenu tandis que le second, défendant désormais sur le grand Gasol, éteint ce dernier avec le privant de balle et en lui faisant sentir l'odeur de ses aisselles à chaque contact.

Les Bulls ne vont alors plus lâcher cette intensité défensive retrouvée et parviendront à finir la série à Denver, lors d'un game 6 où les Nuggets auront déposer les armes, avec un Carmelo Anthony désabusé, un Gasol qui continue encore aujourd'hui de penser que Jooks le surveille la nuit. La belle équipe de Denver n'aura pas suffit à faire tomber le Mamba, qui termine la série en remportant le titre de MVP après des matchs 4, 5 et 6 monstrueux, et avec une ligne de stats complètement folle sur les Finales à près de 34 points de moyenne, 8 rebonds et 8 passes et 2 interceptions par match.

Le pari est gagné : Kobe a gagné, loin de LA, sans Shaq, dans la ville de son idole, de MJ. Déjà idole de Los Angeles, Kobe devient la nouvelle figure de Chicago. Qui d'autre aurait pu ramener un titre aux Bulls, qui d'autre que le fils spirituel de MJ, qui a fait placé Chicago sur la carte du basket ? Mais plus qu'une admiration pour MJ, on sait depuis longtemps que Kobe aimerait dans ses rêves les plus fous, le dépasser. Alors qu'il vient de fêter ses 30 ans et qu'il revient à peine des JO de Pékin où il aura marché sur le tournoi avec Team USA, un journaliste aura la bonne idée de lui demander ce qu'il lui manque aujourd'hui dans sa carrière. Kobe aura alors cette réponse, devenue mythique « Encore 2 titres non ? ».

Et voilà ! Comme vous l'aurez vu, j'ai préféré limiter ce « What if » à la première saison qu'aurait passé Kobe sous les couleurs des Bulls, notamment car sinon j'étais parti pour gratter 8 pages. Évidemment, comme j'ai beaucoup aimé Kobe, vous comprendrez que je n'ai volontairement pas choisi le scénario du désastre. Mais qui sait, peut-être que la machine n'aurait jamais fonctionné ? En tout cas, en restant à LA, Kobe a vraisemblablement fait le bon choix, la preuve par les titres.

A bientôt pour la suite des « What if ? » et d'autres sujets sur le blog !

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