Aujourd’hui, surprise pour la nouvelle année : lancement d’une nouvelle série d’articles ! Toujours autour de la thématique des « what if », voici un nouveau format sous forme de questions/réponses, sans pour autant s’éloigner du principe du site. Pour se faire, rien de compliqué: on prendre un membre actif de la planète basket, et si la proposition le tente, on lui pose des questions autour de la thématique what if sur son équipe fétiche ou son joueur favori, et on le laisse y répondre ! La parole d'un fan, quoi de mieux ? 

Pour commencer la nouvelle année du bon pied, c’est le Psy de la maison Trashtalk qui est à l’honneur, alias @giovannim6 sur le Twitter-game. En temps normal, on vous aurait invité à le suivre sur Twitter évidemment, mais en ce moment il est en pleine campagne de trolling pour le vote du All Star Game, donc vous risquez de choper une crise de panique (non on rigole, allez-y). Le Psy est connu, entre autres, pour son amour indéfectible des Spurs et de Tim Ducann, et donc logiquement on lui a posé quelques questions sur les what if qui entourent la franchise du Texas. 

On espère que ce nouveau format vous plaira, et en attendant, on vous laisse avec le premier volet des Rencontres de What if ! 

 

Salut Giovanni (oui, il ne s'appelle pas « le Psy ») ! Merci d'avoir répondu favorablement à l'invitation, et pour te remercier on essaiera de faire le forcing pour t'avoir des places à la prochaine réunion de Culture Générale de Popovich. Plus sérieusement, on va commencer tout simple pour cerner un peu plus ton rapport à la franchise de San Antonio : pourquoi et depuis combien de temps tu es amoureux des Spurs?

Alooooors : si je suis tombé amoureux des Spurs et notamment de Tim Duncan c'est avant tout grâce à... Tony Parker bien sûr. Fan de NBA de la première heure, mais quand Tony s'en va rejoindre la Grande Ligue je commence tout juste à devenir un « geek » de la NBA et le fait de voir un frenchy s'imposer aussi vite et cela pour la première fois va m'amener à m'intéresser de très près aux Spurs et à comprendre de ce fait que Tim Duncan n'est pas qu'un simple intérieur très doué mais le joueur le plus fantastique qui soit à mes yeux. Et de comprendre également que les Spurs ne sont pas qu'une franchise qui gagne mais surtout la plus fat organisation sportive qui puisse exister. Le point d'orgue et de départ d'une fanitude exagérée de ma part pour SA ? Les Finales 2003 face aux Nets, car quand tu pleures des litres de larmes de joie devant du basket alors que tu as plié ta caisse trois heures auparavant, c'est qu'il y a là un lien spécial...

On te prévient, tu risques de ressentir à un moment un peu de nostalgie, de tristesse et tu vas peut-être revivre des moments difficiles, mais tout va bien se passer ! Allons-y.

Retour dans le passé et rafraîchissement de mémoire : nous sommes en début de saison 1996/97, et les Spurs ont un départ de saison catastrophique (3v-15d) notamment à cause de grosses blessures, dont David Robinson en présaison. Le coach en place, Brian Hill est là depuis 2 ans et a réussi à taper le record de victoires de la franchise avec 62 la première année, puis 59 en suivant. Toutefois l'équipe stagne en playoffs et avec la série cata de début de saison, il est mis à la porte par Popovich qui était alors dans les bureaux de la franchise, et qui prend lui-même sa place sur le banc. A l'époque le mouvement avait été très critiqué car inattendu. Aujourd'hui, on ne se souvient même plus de cette histoire tant Pop est incontestable. Mais selon toi, les Spurs sans Popovich ça aurait donné quoi ? Stabilité et réussite aussi ? Et inversement, quid de la carrière de Popovich sans son poste sur le banc aux Spurs ?

Hmm les Spurs sans Gregg Popovich... Pas sûr pour moi que l'on aurait vécu le même genre de dynastie. Parce qu'il n'y a peut-être pas de back-to-back mais moi je parle QUAND MEME de dynastie. Déjà car peu de coachs auraient donné sa chance de cette manière à Tony Parker. Tout simplement. Ensuite, la simple présence du duo Robinson/Duncan conférait aux Spurs un statut à part à une époque où les « derniers » big men survivaient. Le titre de 99, hmm un peu biaisé du fait du lock-out. 2003 ? Allez on va dire qu'il n'est pas encore « tout à fait » tamponné Popovich. Mais alors après... l'idéologie même des Spurs c'est Pop. Faire de ses joueurs de vrais chiens qui ne sourient jamais ? C'est Pop. Les Spurs sans lui ? Même avec Tim Duncan ? Pas sûr qu'à l'époque des O'Neal, Bryant and co San Antonio ait pu s'en sortir sans un coach comme lui. Et l'imaginer ailleurs qu'à San Antonio tu m'excuseras mais c'est un peuuuu compliqué pour moi. Mais j'imagine que le gars est simplement capable de rendre n'importe quel humain meilleur au basket, et meilleur dans la vie aussi. La bise aux Kings, si vous voulez jouer les playoffs vous savez ce qu'il vous reste à faire !

Bien que la franchise ait été peu habitué aux first pick de draft, les deux seules fois notables où elle en a eu l'opportunité, elle a su taper dans le mille avec David Robinson et Tim Duncan. Je t'épargne le trop difficile « et si Duncan n'avait pas été là ? », t'as déjà eu droit à Popovich ! Mais plus que ça encore, la franchise a aussi brillé par les steals qu'elle a pu faire. Les meilleurs exemples sont bien sûr TP (28ème choix en 2001) et surtout Ginobili (57ème choix en 1999), qui ont formé avec Duncan un des plus gros Big Three de l'histoire NBA.

On connaît l'histoire sur la draft de Tony, où Popovich n'a pas été convaincu de suite par le français lors du 1er workout. Selon toi, quelle aurait pu être la carrière de Tony Parker dans une autre franchise que les Spurs ? Et à l'inverse ici aussi, qu'auraient donné les Spurs sans lui ?

On en a parlé un peu plus haut, si Popovich n'a pas fait de cadeau à Tony dans un premier temps (jamais en fait...), le gars fait quand même partie intégrante de la carrière de Tony par sa capacité à lui avoir fait confiance si tôt et sa manière de l'utiliser, de le reposer, de le préserver quand il fallait. Si Tony Pi n'avait pas eu la chance de jouer sous les ordres de Gregg Popovich ? On aurait là un meneur de jeu probablement all-star une fois ou deux, à 18 points et 7 passes en carrière... mais sans titre. Not one, not two, not three, not four... Et c'est bien là toute la différence ! Gregg Popovich a non seulement fait mûrir Tony dans le jeu, mais il lui a aussi offert la chance de jouer pour une organisation de rêve, dans un contexte parfait pour lui. Et ça ? Pas sûr que Parker l'aurait trouvé ailleurs...

A l'inverse, je pense à mon humble avis que si Parker n'avait pas été le meneur de l'équipe depuis quinze ans, un autre aurait très bien pu trouver sa place dans la famille. On pense par exemple à Jason Kidd puisque son nom revenait à l'époque avec insistance dans des rumeurs de trade avec... Tony (imagine une seconde ce qu'aurait pu faire Tim avec un passeur de génie comme JK ouloulou...). En conclusion ? Tony Parker sans les Spurs, je demande à voir et heureusement qu'on ne le verra jamais. Les Spurs sans Parker ? Le palmarès serait - peut-être bien - le même aujourd'hui.

Pour Ginobili, s'il n'avait pas eu droit à ce spot inespéré pour lui, quelle carrière tu lui imaginerais (européenne ou NBA, carrière majeure ou mineure, …) ?

Manu c'est différent. Si sa 57ème place à la draft est clairement honteuse mais représentative à l'époque de l'attrait des States pour le monde extérieur, il aurait de toute manière fini par débarquer en NBA. Tôt ou tard, avec les JO 2004 en date limite. La seule chose qui diffère dans le fait d'avoir été picked si bas, c'est sa chance de se retrouver chez les Spurs. Ailleurs ? Le gars aurait été all-star cinq, six, sept fois. Il aurait tapé des saisons à 28/29 points de moyenne probablement. Mais il n'aurait peut-être aucune bague... Un genre de Melo en somme, avec un peu plus de classe, un peu moins de bourrelets mais plus de flops sur le CV.

En 2011, les Spurs font leur dernier gros steal en date avec Kawhi Leonard, dont le pick avait été récupéré dans un deal fait avec les Pacers. Encore une fois le front-office a eu le nez fin : MVP des Finales en 2014, 2x DPOY, ça va, on fait pire. On sait pourtant que les Spurs cherchaient à avoir un pick de draft très haut et qu'ils avaient envisagé de prendre Klay Thompson. Imaginons que le plan ait fonctionné : Klay Thompson aux Spurs, ça aurait donné quoi ?

Tiens c'est marrant ça, puisque ça fait quelques mois que je cherche une heure dans mon planning pour parler de ce deal dans un papier... Si le plan avait fonctionné ? Klay Thompson serait peut-être aujourd'hui le meilleur scoreur de la Ligue. Sauf qu'il ne serait pas champion en 2015, sauf que les Spurs ne seraient pas aussi forts. Le poste 2 en mode 3 and D est l'une des forces principales des Spurs sous Popovich, donc inutile de préciser comment le gars se serait acclimaté. Puis on parle quand même de l'un des, allez, trois meilleurs snipers de la Ligue hein. Le sens du collectif et de l'extra-passe ? Steve Kerr lui a probablement appris (et Steve Kerr d'ailleurs, où est-ce qu'il l'a appris hum hum), mais cette adresse, ce poignet... N'importe où, n'importe quand, Klay c'est 25 points de moyenne dans le viseur, donc imagine le carnage aux Spurs avec un ballon qui tourne aussi bien voire mieux qu'à GS...

Fini pour les drafts, on s'attaque aux années titrées.

En 2007, les Spurs sont champions pour la 3ème fois avec un Tony qui termine MVP des Finales. Ils affrontent les Suns lors de la demi-finale de conférence et lors du match 4, le génie Robert Horry envoie valser Steve Nash dans la table de match. Les Suns remportent le match, égalisant à 2-2, mais Boris Diaw et Amare Stoudemire seront suspendus pour les deux prochains matchs après avoir pénétré sur le terrain lors de ladite faute. Les Spurs gagneront au final 4-2. Beaucoup parlent de cette faute comme du facteur X de la série, qui fait pencher la balance en faveur des Spurs. Et si Boris et Amare n'avaient pas été suspendus, tu l'écrirais comment la suite des playoffs pour San Antonio ?

Clairement, si Big Shot Rob ne fait pas cette faute, si Babac et Stoudy ne font pas les cons... les Suns passent. Clairement. Et ils sont champions derrière. Clairement. A 2-2, retour à la maison, avec deux matchs potentiels dans l'Arizona et le modjo qui vient de repasser en leur possession, les Suns avaient cette année-là tout pour aller chercher la bague. Et ça aurait d'ailleurs été la trop rare récompense d'un jeu rapide dans lequel ça snipe dans tous les sens, qui ne sera sublimé que huit ans plus tard par Curry et ses potes. Mais je le redis et je tamponne : sans cet éclair de génie de Bobby, le titre était pour les Suns cette année-là..

Attention moment douloureux. Les finales 2013 restent un crève-cœur pour tout fan des Spurs. On connaît le film des événements (sinon là aussi, désolé, mais votre éducation est ratée). Tony avait déclaré qu'il garderait des regrets en tête jusqu'à la fin de sa vie concernant ce match. Ce match 6 a suscité beaucoup de questions, mais cela a aussi permis aux Spurs d'arriver plus que revanchards en 2014 en produisant un basket de rêve. Imaginons qu'en 2013, le titre ait été pour les Spurs, comment imagines-tu l'année 2014 ? Retraite de Duncan, back-to-back, victoire de Miami, dépression de Lebron, … ?

Alors, premièrement, si les Spurs sont champions en 2013, mon pire souvenir de basket all-time n'existe plus et ça c'est quand même beau gosse. Plus sérieusement, 2014 représente l'apogée du jeu à la Spurs, couplé à l'explosion de Kawhi. Résultat, de la perfection à tous les étages, sublimée il est vrai par cette histoire de ressentiment par rapport à juin 2013. Mais plus qu'une histoire d'honneur, de revanche (même s'il y avait évidemment de ça), c'est plus cette histoire de summum basketballistique atteint cette année-là par le roster de Popovich qui a permis aux Spurs d'être champions. Donc dans tous les cas et pour répondre à ta question, je pense que 2014 aurait été conclu de cette manière. Même en cas de victoire la saison précédente. Et Tim Duncan ne serait pas parti après une victoire en 2013. Il ne l'a pas fait en 2014 (enfin c'est ce qu'on dit hein...), donc pourquoi l'aurait-il fait en 2013 ?:-)

Popovich a déclaré récemment au sujet de TP qu'il n'avait pas été toujours reconnu à sa juste valeur. On pourrait généraliser la remarque au big three Parker-Ginobili-Duncan. Pourtant, on a l'impression qu'ils sont toujours placés un cran en dessous, collectivement ou individuellement, quand viennent l'heure des classements, des récompenses, de la reconnaissance, et ce malgré leur longévité et les records de victoires. Même si on sait que tout ça chez les Spurs ne compte pas beaucoup, tu penses que ça aurait donné quoi un tel Big Three dans un plus gros marché comme New York, Chicago ou Los Angeles ?

Arf  c'est compliqué là... déjà parce que je ne trouve pas que le trio n'est pas reconnu à sa juste valeur. C'est juste qu'il s'expose moins, et qu'il est surtout moins exposé par les médias. Mais leur valeur pour moi est reconnue même si c'est évidemment toujours moins swag de parler des Spurs que de LeBron, des Knicks ou des Lakers, même s'ils sont soit chauves, soit gros, soit mauvais, soit les trois en même temps. Le Big Three est reconnu comme tel et c'est déjà pas mal. Mais pour répondre à ta question ? Si Tony, Manu et Tim avaient joué pour les Knicks par exemple ? Les mecs seraient les Beatles. Pas moins titrés mais peut-être moins forts qu'à San Antonio. Mais beaucoup plus sur Sports Illustrated évidemment.

On a eu le départ de Duncan cet été accompagné tout récemment du retrait de son maillot avec une cérémonie juste parfaite. Parker et Ginobili devraient vraisemblablement avoir droit à la leur aussi le temps venu. Mais celui qui un jour devra également partir, que ce soit dans 2 ou 5 ans, c'est Popovich. Petite projection futuriste ici : par chance, le front-office des Spurs sait que tu es un gros fan et t'envoies un mail où ils te demandent tes souhaits sur la succession de Popovich et sur comment organiser la transition. Que fais-tu, à part paniquer ?

Je veuuuux un coach européen ! Faut débrider tout ça, y'en a marre des escrocs pistonnés à la Tyronn Lue, des clowns à la Byron Scott, des fraudeurs (pas Dennis) à la Doc Rivers. Sinon je pencherais bien pour le retour de Brad Stevens... C'est bien beau Boston, mais il faut avoir un peu d'ambition dans la vie haha

Pour finir, quelques petites questions en vrac, où tu peux donner ton point de vue très simplement et vite fait :

Si Duncan n'avait pas été drafté, tu aurais aimé voir qui à sa place en 1997 ?

Pfiou qu'elle est moche cette draft haha... Logiquement je pense que si Tim n'avait pas existé - déjà le monde serait très moche - mais Chauncey Billups aurait eu une belle tête de franchise player. Après, on sait qu'il nous fallait un intérieur pour succéder à l'Amiral... Et je suis sûr que dès 1997 le staff des Spurs avait déjà entendu parler d'un certain Dirk, drafté l'été suivant...

On sait que Philly était prêt à lâcher un gros chèque à Gino cet été, t'aurais fait quoi s'il avait dit oui ?

J'aurais pleuré. Et j'aurais été content pour les Sixers.

De Colo aux Spurs, ça n'aurait jamais pu marcher ?

Le profil collait, le timing beaucoup moins. Tony Parker, Patty Mills, Cory Joseph... trop pour un seul homme et le timing n’était pas bon d'à peu près deux ans...

Tu aurais aimé voir Rodman plus longtemps aux Spurs, avec Duncan par exemple ?

Qui n'aurait pas aimé profiter d'un gars comme lui ?....

Ton plus gros what if de l'histoire NBA ?

Le plus grand pour moi ? Et si Michael n'était pas revenu en 95 ? Ça j'y pense souvent...

Et c'est fini ! Merci encore d'avoir accepté l'invitation et merci de ton temps. Je te souhaite bonne chance pour tes prochaines consultations au cabinet de psy de chez TT, pour la suite de vos projets, puis pour l'organisation de l'Ain Star (si vous ne connaissez pas, je ne dirais pas que votre éducation est loupée, mais allez voir quand même) ! Que la saison des Spurs soit belle et la plus longue possible, merci encore à toi ! 

 

 

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